Il fut l’un des principaux continuateurs du Spiritisme après le décès d’Allan Kardec, aux côtes de Léon Denis et Camille Flammarion. Ses écrits étaient consacrés principalment à la question de l’immortalité de l’âme et la réincarnation. Comme Ernest Bozzano et Camille Fammarion, il privilégia une approche scientifique des phénomènes psychiques. Il dirigeait le périodique La Revue Scientifique et Morale du Spiritisme, organe de l’Union Spirite Française, qu’est sorti la première fois en mars 1883.
François-Marie-Gabriel Delanne naquit à Paris 21, rue du Caire, le 23 mars 1857. Son père, Alexandre Delanne et sa mère tenaient un modeste magasin d'articles d'hygiène. C'est au cours d'un de ses voyages d'affaires que le père de Gabriel Delanne entendit un jour, à Caen, parler de Spiritisme. Alexandre Delanne se procura Le Livre des Esprits et Le Livre des Médiums et voulut connaître l'auteur, c'est-à-dire Allan Kardec.
Accueilli fraternellement par Allan Kardec qui demeurait alors passage Ste. Anne, Alexandre Delanne fut invité à assister à l'une des réunions de la société nouvellement fondée.
La mère de Gabriel Delanne devint très rapidement excellent médium psychographe. Gabriel Delanne a donc vécu dans un milieu qui tout naturellement le conduisit à devenir avec Léon Denis, l'un des plus grands apôtres du Spiritisme.
Tandis qu'Allan Kardec avait 51 ans lorsqu'il commença à étudier les phénomènes spirites et que Léon Denis vécut seize années sans en avoir entendu parler, Gabriel Delanne fut très jeune familiarisé avec le vocabulaire spirite ; il assista de bonne heure à des séances nombreuses et fortes intéressantes. Il commença donc très tôt sa tâche d'apôtre de la plus noble des causes. Allan Kardec voyait souvent la famille Delanne pour laquelle il professait une vive amitié. Au cours de ces visites, il éprouvait beaucoup de plaisir à apporter des jouets au petit Gabriel qu'il avait coutume de faire sauter familièrement sur ses genoux.
Toute sa vie terrestre, Gabriel Delanne conserva toujours le plus précieux souvenir d'Allan Kardec qu'il exalta dans toutes ses œuvres, au cours de ses conférences et de ses discours. Nous pourrions faire à ce sujet de multiples citations. Nous nous contenterons de rappeler ce qu'il disait le 23 janvier 1887 à Lyon, la ville natale d'Allan Kardec :
"Nous croyons Allan Kardec dans le vrai et nous resterons fidèles à ses principes. Solidement appuyés sur la Science, nous marcherons hardiment dans la voie que nous a ouverte son génie ; les yeux fixés sur les consolations qu'apporte avec elle notre chère doctrine ; nous marcherons vers les horizons grandioses et sans bornes qu'elle nous découvre ; nous marcherons au but, soutenus par la force que donnent le bon droit, la vérité et la Science et nous essaierons ainsi d'établir la vérité des œuvres du maître."
Gabriel Delanne était très modeste. Il était difficile d'aborder avec lui les questions qui le concernaient directement. De son vivant, il refusa, à maintes reprises, de donner des détails sur sa jeunesse et sa vie. Cependant, nous savons qu'il a fait ses études au Collège de Cluny en Saône-et-Loire, ville où habitait l'une de ses tantes, belle-sœur d'Alexandre Delanne.
Après de brillantes études scientifiques, Gabriel Delanne fut reçu à l'Ecole Centrale de Paris où il entra le 3 novembre 1876. Mais il donna sa démission et quitta l'école le 26 janvier 1877. Cette décision fut motivée par la situation matérielle de ses parents qui s'étaient imposés de très lourds sacrifices pour parvenir à donner à leur fils une instruction solide.
Il est intéressant de citer une communication spirituelle spontanée reçue au moment où il décida de se consacrer entièrement à la diffusion du Spiritisme.
"Ne crains rien, lui disait-on, aie confiance. Au point de me matériel, tu ne seras jamais riche, mais tu ne manqueras de rien."
Et cela se vérifia au cours de toute l'existence de cet homme de génie.
Gabriel Delanne entra, comme ingénieur à la Compagnie d'Air Comprimé et d'Electricité Popp, où il resta jusqu'en 1892.
C'est le 31 mars 1880 que, pour la première fois, Gabriel Delanne prit au Père Lachaise une part active à la cérémonie commémorative annuelle de la désincarnation d'Allan Kardec. Déjà on découvrait l'ardent désir du militant spirite de faire comprendre le côté scientifique du Spiritisme.
"Allan Kardec, disait-il, n'est pas venu apporter une religion, il n'a ignoré aucun culte ; sa morale est celle de Jésus dégagée de toute fausse interprétation mais ce dont il a doté l'humanité, c'est d'une doctrine capable de répondre à toutes les objections de l'incrédulité et à tous les grands problèmes posés par la raison. En effet, jusqu'ici, nous n'avons envisagé que le côté moral de la doctrine, mais son étude plus approfondie nous montre qu'en suivant ses enseignements on peut arriver aux plus belles découvertes scientifiques. S'il est un champ d'études encore inexploré, c'est celui qui comprend les rapports entre le monde invisible et le nôtre. Que de problèmes à résoudre avant de pouvoir donner une théorie scientifique de ces rapports, mais un jour viendra où ils seront connus comme des phénomènes étudiés scientifiquement et ne seront plus un secret pour nous."
En terminant son discours Gabriel Delanne s'écriait :
"A son exemple nous ferons tous nos efforts pour répandre ses idées et semer partout la bonne nouvelle."
Le vaillant défenseur du Spiritisme tint cette solennelle promesse et jusqu'à son dernier jour, il travailla à faire connaître notre science urbi et orbi.
En 1883, fut créée la Fédération Franco-Belge Latine ; Gabriel Delanne fut nommé secrétaire général, le président étant P.G. Leymarie. Cela prouve l'influence qu'il avait déjà su acquérir dans les milieux spirites français et belges.
En mars 1883, lorsque fut publié le premier numéro de la revue bimensuelle "Le Spiritisme", Gabriel Delanne qui comptait parmi les collaborateurs de cette publication, en devint très vite le rédacteur
en chef. Avec son père Alexandre Delanne, il fut un des fondateurs de l'Union Spirite Française (première du nom) créée à Paris, salle de la Redoute, le 24 décembre 1882 sous la présidence du Docteur Josset. Cette société avait pour but principal de réunir en un faisceau, toutes les forces spirites éparses dans le pays. Le siège du journal "Le Spiritisme" fut d'abord 39 - 4l, passage Choiseul, puis 38, rue Delayrac, où la famille Delanne avait fonde un groupe spirite.
Le 23 janvier 1883, au Père Lachaise, Gabriel Delanne prononçait un discours aux obsèques de Mme Allan Kardec désincarnée le 21 janvier 1883 à l'âge de 88 ans, quatorze années après la désincarnation de son mari.
Dans son discours, Gabriel Delanne décrivit avec justesse quel fut le rôle de celle qui partagea la vie de cet homme prédestiné que fut Allan Kardec :
"Mme Allan Kardec fut véritablement la femme forte suivant l'Evangile. Devenue la compagne du grand vulgarisateur du Spiritisme, elle adopta ses idées ; elle employa toutes ses énergies à l'étude des principes nouveaux ; elle vainquit les préjugés de son siècle et de son éducation et s'éleva, par sa volonté jusqu'à hauteur de l'esprit de notre maître ; elle prouva, dans la suite, par l'attachement profond qu'elle a gardé pour notre manière de voir, que le Spiritisme avait pénétré vivement dans son cœur. Elle ne faillit pas à la haute mission qui lui était confiée. Allan Kardec s'inspira de son intelligence si juste pour la confection de ses ouvrages il n'en publia pas un sans l'avoir consultée et souvent il profita des avis que lui fournissait la rectitude du jugement de sa campagne."
Déjà Gabriel Delanne laissait prévoir les deux tendances de son action ; montrer que le Spiritisme n'est pas opposé à la science, comme certains scientistes l'ont ainsi voulu, mais qu'il est nécessaire de le propager dans tous les milieux sans avoir la prétention étroite de vouloir garder la vérité pour une élite d'hommes scientifiques et intellectuels.
A la fin de l’année 1883, Gabriel Delanne eut une intéressante controverse publique avec J. Guérin sur l'incarnation de Jésus-Christ.
Cet intéressant débat d'ailleurs fraternel, fut relaté dans la Revue Spirite de1884.
Pour Gabriel Delanne, le Christ est un être exceptionnel, non par le corps, mais par l'intelligence et le degré d'avancement spirituel. Cet avancement spirituel ne constitue pas une chose suffisante pour admettre une nature spéciale du Christ.
C'est grâce à Madame d'Espérance qui fut une admirable médium que put paraître la Revue "Le Spiritisme". Elle donna à Gabriel Delanne, pour démarrer, une somme de cinq mille francs, ce qui représentait à l'époque une somme avec laquelle on pouvait tenter une opération commerciale.
"Ne me remerciez pas, lui dit-elle, aussitôt que vous aurez établi le premier numéro, revenez me voir, nous poursuivrons ensemble la propagande en faveur du Spiritisme."
C'est donc grâce à cette généreuse anglaise que la Revue "Le Spiritisme" vit le jour.
En 1884, Gabriel Delanne fut désigné comme délégué par l'Union Spirite Française au Congrès Spirite Belge, qui eut lieu à Bruxelles.
Au début d'avril 1885, Gabriel Delanne faisait paraître son remarquable livre: "Le Spiritisme devant la Science".
Il est également intéressant de noter que c'est également vers cette époque que Léon Denis fit paraître sa première brochure "Le Pourquoi de la vie" qui date de septembre 1885.
Le début de l'action des deux grands pionniers du Spiritisme est donc à peu près parallèle. En décembre 1885, il est nommé vice-président de l'Union Spirite Française. En 1886, 1887, 1888, 1889, 1890, il fait de nombreuses conférences pour la diffusion de la doctrine.
Gabriel Delanne n'avait pas une très bonne santé, déjà au moment du mariage de son frère Ernest pour qui il avait une profonde affection, on pouvait constater à sa démarche, qu'il souffrait d'une ataxie. Il avait un léger déhanchement. Sa vue n'était pas parfaite, dès l'enfance il avait eu un abcès à l'œil gauche, ce qui l'empêchait de voir de cet œil. Cela fut cause de son exemption du service militaire.
En 1892, Gabriel Delanne quitta la Maison Popp et devint représentant d'une autre maison de commerce pour laquelle il voyagea beaucoup. Suivant l'exemple de son père, Gabriel Delanne profita de ces déplacements pour faire une propagande intense en faveur du Spiritisme. Il était en Algérie lorsque son frère se désincarna le 9 juillet 1893 à Gray. Ce fut pour lui une très grande peine de ne pouvoir assister aux obsèques. Vers 1892, la famille Delanne fut atteinte par une catastrophe financière qui l'obligea à liquider le magasin du passage Choiseul. Si Mme Ernest Delanne n'était pas spirite au moment de la mort de son mari, elle le devint tout en n'ayant jamais eu la faveur de recevoir une communication de son époux. Bien des fois, notamment avec Gabriel Delanne, elle fit des séances, mais jamais son mari ne vint se manifester.
En juillet 1896, parut le premier numéro de "La Revue scientifique et Morale du Spiritisme" fondée par Gabriel Delanne. D'un commun accord, Gabriel Delanne et Jean Meyer étaient convenus de ce qu'à la désincarnation de son fondateur, cette revue d'un si grand intérêt cesserait de paraître, pour être fusionnée avec "La Revue Spirite".
En 1897, paraît le troisième livre de Gabriel Delanne "L'Evolution Animique".
Servi par une prodigieuse mémoire, Gabriel Delanne était une véritable encyclopédie vivante et l'on peut affirmer que le Spiritisme lui doit, à l'heure actuelle,
sa force et sa clarté scientifique.
Tout ce qui s'est fait pour la diffusion du Spiritisme a été, en effet, l'œuvre de Gabriel Delanne et de ses collaborateurs.
Bien peu de sociétés spirites ont fait, depuis Allan Kardec, un effort aussi grand, aussi soutenu pour le développement de l'idée spirite.
Il faut reconnaître que Gabriel Delanne fut aidé par ses collaborateurs de tout premier ordre. A l'exemple de leur chef, aucun d'eux ne rechercha jamais les vaines glorioles d'une popularité facile et éphémère, ni l'attention des puissants du jour.
Tous, sans exception, n'eurent qu'un but : répandre le Spiritisme et le montrer sous son vrai jour, c'est-à-dire comme la véritable doctrine d'évolution utile à l'humanité terrestre plongée dans les ténèbres d'un matérialisme décevant et perpétuellement trompée par les dogmes surannés des religions agonisantes.
Le quatrième ouvrage de Gabriel Delanne parut en juin 1899 sous le titre: "L'âme est immortelle".
A partir de 1901, Gabriel Delanne fit tous les mardis soir à 20 heures 30, une conférence sur le Spiritisme au 57, rue du Faubourg St-Martin.
Le 5 et le 12 avril 1901, sous les auspices de l'Association Polytechnique, il traitait du Spiritisme au point de vue scientifique et moral ainsi que des preuves expérimentales de la survie.
Du 15 mai au 3 juin 1901, il donna une série de conférences à Marseille, Avignon, Pont- St-Esprit et Lyon. Il eut l'occasion de parler des expériences faites avec sa mère et comment elle écrivit deux lignes en russe et une page et demie en patois italien, langue et idiome qu'elle ignorait complètement.
Dans les premiers mois de l'année 1905, voulant mettre en pratique la solidarité spirite, Gabriel Delanne adopta une fillette de sept mois, la jeune Suzanne Rabotin qui vécut toujours auprès de lui.
C'est en 1906 que déjà obligé de marcher avec deux cannes, il alla en août et septembre à Cussey dans les environs de Lyon où il se faisait soigner par son ami M. Bouvier, magnétiseur spirite réputé.
En 1908, il acheva à Nice, où des amis l'accueillaient chaque année, son important ouvrage : "Les Apparitions matérialisées des vivants et des morts" qui parut en février 1911.
L'état de santé de Gabriel Delanne était devenu très mauvais ; il n'y voyait plus, il se traînait à peine, chaque mouvement était pour lui une cause de souffrance, il était un exemple vivant de résignation, restait gai et très accueillant.
En 1918, il fit avec sa famille un voyage à Allauch dans les environs de Marseille ; ce fut son dernier voyage hors de Paris, il ne pouvait plus marcher et il fallut recourir à un fauteuil roulant pour le porter de la voiture au train.
En 1922, il fit la préface d'un ouvrage de M. Paul Bodier : "La villa du silence" qui eut un énorme succès.
En 1924, parut son livre "La Réincarnation" toujours édité de nos jours.
C'est pendant les derniers mois de sa vie qu'il prépara avec Andry Bourgeois un ouvrage sur l'idéoplastie. .
Comme l'a confirmé sa fille adoptive Mlle Suzanne Delanne, Gabriel Delanne sans être un mystique au sens absolu du mot, croyait en Dieu. Tous les soirs, avant de s'endormir, il priait, sollicitant seulement le courage nécessaire pour supporter sans se plaindre ses constantes douleurs. Chaque soir, il énumérait une longue liste de ses parents et amis disparus, appelant sur eux l'aide de leurs protecteurs invisibles.
Le 12 février 1926, son état s'aggrava. Brusquement, il se plaignit d'étouffements. Le surlendemain, il avait chez lui des amis comme MM. Andry Bourgeois et Vauclaire. Malgré son grand état de faiblesse, il continuait à parler de sa chère Revue qui était sa raison de vivre, quand un homme à peine âgé de 35 ans demanda
à être reçu. Il était 15 heures 30. Cet homme était un contremaître des Usines Renault (Billancourt) aux idées plus que socialistes, frisant l'anarchie, le bolchévisme intégral.
"Mais, dit-il, il avait une parente, une cousine qui écrivait d'une façon étrange, sur des choses qu'elle ignorait et il venait demander à Gabriel Delanne la vérité sur ce sujet et si sa parente n'était pas folle ? "
Gabriel Delanne souffrant pourtant le martyre, eut le courage pendant près de deux heures et demie de discuter avec cet homme, avec cet inconnu assez intelligent et de lui expliquer ce qu'était la médiumnité de sa cousine et le phénomène spirite de l'écriture automatique.
Il finit par convaincre cet homme qu'ici-bas tout n'était pas matière et que nous avons tous une âme immortelle à faire évoluer. .
Le visiteur partit très ébranlé disant qu'il allait étudier la question et en parler à ses camarades.
Voilà la dernière bonne action de Gabriel Delanne. Il resta très fatigué de cette dernière conversation où il avait mis toute son âme, sa science et sa sagacité.
A 19 heures, sa fille adoptive mis la table pour dîner, mais Gabriel Delanne très fatigué ne mangea rien, mais pria ses amis de le faire, avec son obligeance coutumière. Vers les 19 heures 30, il voulut, en se traînant, aller à côté de sa salle à manger. Après dix minutes, on entendit un cri et une chute. Ses deux jambes s'étaient paralysées ; il ne pouvait plus se tenir debout, toute vitalité était partie de ses membres inférieurs qui traînaient comme deux loques pendantes. On le mit sur un fauteuil, Gabriel Delanne se toucha le front et dit : "Je crois que c'est la fin, c'est un avertissement, et il ajouta : " Souvenez-vous mes amis que Delanne n'a pas peur de la mort."
A 4 heures du matin il allait plus mal, un médecin lui lit une piqûre de caféine pour le remettre en lui disant que cela allait le remonter. A 7 heures du matin Gabriel Delanne se désincarnait à Auteuil, dans cette villa Montmeurency où Jean Meyer, Directeur de la Revue Spirite avait voulu que soient abritées les dernières années du vaillant pionnier de la doctrine spirite.
sur le site: http://spirite.free.fr/csl-delanne.htm
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